Si, si, c’est possible.
Si je n’écris que maintenant, c’est que l’ado en question :
- a maintenant 18 ans
- est inscrit à l’Université du Montana
- a passé les SAT, CAHSEE et autres GED sans problème
- me parle encore… (allez, une petite vanne pour dédramatiser…)
Depuis ses 10 ans, mon fils aîné a été ingérable à l’école. Le gosse qui s’ennuie, qui fait suer son monde (pour être polie), qui n’en fout pas une rame… c’est le mien. Jusqu’à l’équivalent du collège, il fait illusion, ratant de quelques points chaque année le transfert en classe « avancée » (le fameux Gifted and Talented des écoles américaines). Mais en entrant en Middle School, quelque chose change – déjà mon fils fait sa puberté à 11 ans (et oui, nous sommes très précoces dans la famille) – et mon fils est rejeté. Il commence à se battre à l’école et à faire des vagues. Ne fait plus son travail. Devient irritable à la maison. On se rend compte qu’il est harcelé à l’école et malgré tous nos efforts pour travailler avec l’école, nous échouons. Notre enfant souffre de phobie scolaire.
En déménageant en Californie l’année de ses 14 ans, nous espérons que les choses changeront lors de sa première année d’high school américaine, mais en vain. Il est très vite rattrapé par ses vieux démons et termine l’année avec des « F » dans des matières où il est pourtant excellent. Je décide alors de le scolariser à la maison en 10th grade (équivalent 2nde française). Je l’inscris alors à CAVA, une école en ligne gratuite, proposée par l’état de Californie (mais qui existe aussi dans d’autres états des US). Déception : mon fils fait tout le travail donné par les profs en 2 heures (maximum) et se retrouve le reste du temps à se tourner les pouces. Il passe quand même deux examens cette année-là : le CAHSEE (examen obligatoire pour les élèves de High School en Californie) et le PSAT (examen de préparation au SAT, dont je reparlerai plus tard), où il obtient un score prometteur.
L’année suivante, je décide de prendre en main les cours de mon fils moi-même. Je télécharge les divers programmes des cours obligatoires en high school : US literature, US History, Chimie… Je télécharge également des fiches techniques sur différents thèmes des différents programmes. En général, lorsque mon fils travaille en matinée, je prépare les cours pour les jours suivants de la semaine. Je rajoute également des cours de français (étant prof moi-même, ça aide) en suivant le programme de AP French (niveau de cours des universités). J’émaille ces cours de lectures obligatoires en anglais et de lectures en français (pas des classiques, dont il a horreur, mais des articles, des lectures plus accessibles à un jeune ayant vécu toute sa scolarité aux USA). Nous bouclons tous les programmes (à part US History que nous avons fait sur 10 mois au lieu de 8).
Dernière année de High School, 12 grade. Nous reprenons le même système. A la demande de mon fils, nous abandonnons le français, dont il a marre… En raison de son bon résultat au PSAT, mon fils reçoit l’offre d’une université au Montana. Nous n’y croyons pas trop, mais la dernière année d’High School étant le moment où il faut choisir son (ou ses) université(s), nous nous renseignons sur ce qu’il faut faire pour obtenir une place. Il faut savoir que les universités américaines sélectionnent leurs élèves sur leurs notes de high school, leurs activités extra-scolaires, leur implication dans des oeuvres de charité et également sur leur note au SAT, cet examen qui permet aux univ de juger, en un coup d’oeil, du potentiel d’un candidat. L’élève peut passer le SAT plusieurs fois et ne garder que le meilleur score. Mon fils décide subitement de passer le SAT (nous pensions qu’il n’était pas intéressé par la poursuite d’études et le voyions plutôt en Community College – équivalent des IUT – en gros études en filière courte, ce qui convenait très bien à ses projets futurs). Mais non, il souhaite tenter sa chance pour entrer à l’université (diplôme en 4 ans). Bien.
Nous passons donc les mois de septembre et octobre à bachoter à fond. J’achète des livres pour passer le SAT et nous bossons comme des fous pendant plusieurs semaines. Comme le SAT est chronométré, il faut en plus travailler la vitesse. Quand je fais 5 problèmes de math, mon fils en fait 10. Je suis rassurée. Il passe l’examen un samedi matin d’octobre, en ressort 1h30 en avance… je me dis que c’est plié. Nous reprenons ensuite les cours comme avant, avec cette fois, au programme, de la physique (miam-miam), un cours sur le gouvernement des USA et un cours sur mesure de Science Fiction en litterature anglophone. Le reste comprend beaucoup de révisions. Vous l’avez compris, la dernière année est plus cool. Quelques semaines plus tard, nous recevons les résultats du SAT. Mon fils a 1960 sur 2400, ce qui est plutôt pas mal, vu que Berkeley par exemple, ne prend pas les élèves qui ont moins de 1800. Nous apprenons que ses résultats lui donnent droit à une bourse dans le Montana et que l’université l’accepte immédiatement. Mon fils qui rêve de retourner vivre dans un endroit avec de vraies saisons est enthousiaste. Il ne lui reste plus qu’à passer le GED (un examen qui permet aux adultes de prouver qu’ils ont le niveau de fin d’high school). Le fiston passe à nouveau le diplôme haut la main.
Il part la semaine prochaine dans le Montana pour commencer ses cours et je me remémore les difficiles années de son parcours scolaire. Je suis heureuse de n’avoir rien lâché. Nous avons été critiqués lorsque nous avons retiré notre fils de l’école, mais l’urgence était de rebâtir sa confiance en lui (perdue complètement à l’école) et de lui fournir un environnement où il se sentait en sécurité. Les gens m’ont dit que c’était mauvais pour sa socialisation – a fortiori pour un adolescent. Mon fils a suivi des cours d’escrime pendant un an et a donné de son temps au scoutisme pendant plus de 4 ans. Cette dernière année, il était « chef » du bateau des scouts et dirigeait une dizaine d’adolescents. Je suis convaincue qu’un parent est le mieux placé pour prendre une décision impliquant ses enfants. Suivez votre instinct et faites fi des mauvaises langues.
Bon courage et bon vent 🙂